Jules Verne l’avait dit ! Ou pour arriver, il faut partir

« Il faut pourtant convenir que la vie a du bon ! s’écria l’un des convives, accoudé sur le bras de son siège à dossier de marbre, en grignotant une racine de nénuphar au sucre.

– Et du mauvais aussi ! répondit, entre deux quintes de toux, un autre, que le piquant d’un délicat aileron de requin avait failli étrangler ! »
Les tribulations d’un Chinois en Chine, Jules Verne

« J » moins trois avant notre départ. Les déménageurs travaillent sans relâche. Un objet, puis l’autre, délicatement, mais sans états d’âme. Pour eux, notre fatras est sans histoires, ni souvenirs. Pas de « Ah ! C’était là ! Je l’ai cherché partout. », « Pourquoi j’ai gardé ce truc ? », ni de « Tiens, je ne me rappelais plus que j’avais ça. » Aucune tentation de ménage, de rangement ou de tri ne tourmentent ces videurs. La première journée achevée, une grande partie de nos meubles et effets personnels se trouve emballée, empaquetée, scotchée, numérotée et étiquetée. Notre foyer est devenu méconnaissable.

Vingt-deux heures le soir. Tard. Le moment de répit pour planifier les deux journées à venir, dont la location de notre appartement et l’état des lieux, prévu dès le lendemain. J’égrène une liste mentale : l’heure est bien confirmée, check, les documents sont imprimés en un double exemplaire, check, les trousseaux de clefs préparés, check, les télécommandes du garage mises de côté. Patatras ! Je revois le tiroir, un déménageur consciencieux vider le placard, l’emballage systématique dans du papier et mon cerveau que rien n’a effleuré. Les télécommandes se trouvent désormais enfermées dans un des cartons qui trônent dans le salon, ou l’entrée, ou la salle-à-manger.

« Misère ! Le diable se cache vraiment dans les détails, maugréé-je en perdant tout sens de l’humour ce soir-là.
–  C’est bien les cartons, maman. On dirait que les gens nous apportent des cadeaux, répondit notre fille cadette.
–  C’est trop cool, renchérit notre fille aînée, surtout quand ça ressemble à un château fort. On va pouvoir jouer à cache-cache. »

C’est ainsi que je faillis m’étrangler et envoyai nos filles se coucher :
« Au lit ! En attendant, ce sont les déménageurs qui vont jouer à cache-cache matin, et c’est moi qui devrai leur annoncer la partie. Bonne nuit ! »

 

11 commentaires sur “Jules Verne l’avait dit ! Ou pour arriver, il faut partir

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  1. Ca rappelle des souvenirs cette photo. Voilà tes cartons partis en voyage, ils vont traverser les mers, les océans … et quand ils arriveront à destination, tes filles auront beaucoup beaucoup de cadeaux à ouvrir 🙂 Et quand tu retrouveras tes 2 télécommandes je suis certaine que tu éclateras de rire !! Bises

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