Ce blog est notamment fait pour cela, chers lecteurs, partager avec vous les grandes étapes de notre installation, nos avancées, nos découvertes et bien sûr, nos aventures et nos émotions. Aujourd’hui, j’ai l’immense joie de vous annoncer l’arrivée de ma carte SIM, porteuse d’internet – le plus important – et de mon premier numéro de téléphone Japonais, contracté chez le fournisseur national NTT Domoco. Vous ne pouvez pas l’apprécier encore, mais c’est un jour historique et mon moral est au plus haut.
Pour vous aider à prendre la mesure de cette excellente nouvelle, il me faut opérer à très grande vitesse, un retour en arrière que voici : pour se procurer une carte SIM, il y a une évidence, il faut pouvoir payer l’opérateur téléphonique, pour pouvoir le payer, il faut une carte de crédit – et accessoirement un peu de sous -, pour disposer d’une carte de crédit, il faut un compte, pour ouvrir un compte, il faut un banquier, une banque et un identifiant délivré par l’administration Japonaise, pour recevoir un identifiant, il faut une carte de résident, et pour posséder une carte de résident, il faut obtenir un visa de travail.
Et maintenant que nous sommes arrivés à peu près au point de départ, il me faut réécrire pour vous une histoire accélérée. Tout commence dès le douze octobre, le jour de notre arrivée à Yokohama. En quelques heures à peine, mon opérateur téléphonique Français en état d’alerte, m’annonce que je suis littéralement en train d’exploser mon forfait. Je retire la carte SIM de mon téléphone portable et à partir de ce jour, je ne serai plus tributaire que du WiFi. C’est l’événement qui m’achève, je m’écroule dans un sommeil sans fond avec les restes du voyage, et je risque jusqu’à perdre mon union sacrée avec L*.
Il nous faudra ensuite deux allers et retours au « Nishi ward office »** – notre identifiant -, un peu suranné mais terriblement efficace, quelques coups de blues et trois tentatives auprès de la banque Prestia – a priori une large partie des expatriés à Yokohama (et à Tokyo sans doute) y sont clients – pour ouvrir un compte et obtenir chacun une carte de retrait et une carte de crédit. C’est à la troisième tentative que nous avons affronté un banquier désagréable et récalcitrant qui crut voir en moi le fantôme de Julia Roberts sur « Rodeo Drive »***. S’ensuivra un bras de fer qui durera quelques semaines s’il ne dure pas toujours.
Nous arrivons au mois de novembre, le six, soit exactement deux semaines plus tard. Nous apprenons avec soulagement que nous avons enfin un peu de trésorerie sur notre compte. Dès le huit novembre, je pense vivre un jour historique comme celui-ci et j’essaie de retirer du « cash ». Je reste pétrifiée devant l’écran du distributeur invariablement en Japonais, et je tente mon premier exercice zen, en essayant de ne pas insulter, même intérieurement, mon banquier****.
Le lundi douze novembre, soit il y a tout juste une semaine, j’apprends par la communauté des expatriés, très solidaire soit dit en passant, que dans les « konbini » Seven Eleven*****, le retrait de « cash » est gratuit. Faute de quoi, il y a des frais à chaque retrait, plus ou moins élevés en fonction du jour et de l’heure. Je pense une nouvelle fois à mon banquier et je le remercie du fond du cœur, pour toute la sollicitude dont il a fait preuve et toutes les explications dont il n’a jamais été avare.
Je tente un nouvel essai. Je réussis à atteindre l’option « English », je compose mon code et je tape la somme souhaitée. J’appuie sur la touche verte du clavier qui selon mon interprétation signifie « valider », et une jolie mélodie s’invite avec une phrase uniquement en Japonais. La seule chose que je comprends, c’est que je suis bloquée à cette ultime étape et que le distributeur refusera obstinément d’aller plus loin. A cet endroit précis, chers lecteurs, je m’arrête et je vous imagine vous demander pourquoi je vous raconte toutes ces histoires compliquées de « cash » pour une simple carte SIM. Mais, patience, nous arrivons bientôt à ces raisons profondes.
Je décide ce jour-là que, quoi qu’il arrive, je sortirai du Seven Eleven avec du « cash » et sans braquage de la caisse. J’attrape donc un téléphone portable d’emprunt après de multiples combines mais qui a bien internet, c’est le but des combines. Je réussis, grâce à « Google translator », à scanner l’écran du distributeur et la fameuse phrase en Japonais pour espérer franchir cette incompréhensible étape. En même temps, je prie fébrilement afin d’être assez rapide pour que ma carte ne soit pas rejetée ou pire, avalée par la machine. Je prie encore plus intensément pour que ce téléphone portable d’emprunt ne me concocte pas une de ces surprises dont il a l’habitude : exiger une fois sur deux un changement de mot de passe dont je ne suis pas la propriétaire, oublier de reconnaître mes empreintes digitales et se bloquer assidûment, refuser tout simplement de redémarrer, bouder les signaux des satellites, bâillonner la puce GPS et me lâcher n’importe où et surtout le jour où je décide d’aller à Tokyo avec l’incontournable « Google maps » censé me ramener chez moi aveuglément (quand il dispose d’internet).
Donc, nous arrivons enfin au point crucial du sujet. Vous aurez compris qu’une vie au Japon sans internet ni téléphone portable fiable, n’est pas une vie, mais une longue prière et une somme de problèmes incompréhensibles à résoudre.
Alors, vous comprendrez aussi que tout s’est accéléré quand mercredi dernier, j’ai reçu par coursier ma carte de crédit or – carte indispensable pour payer les factures, toujours au « konbini », car le système de prélèvement automatique n’existe apparemment pas pour le paiement de toutes les charges, eau, électricité, etc., carte qui me vaudra sans doute encore un petit article pour la circonstance, je le crains.
J’ai ignoré les blogs en matière de choix de forfaits, blogs que j’ai décrétés ne pas être à jour tant les offres évoluent vite. J’ai évité tous les comparatifs auprès des différents opérateurs pour m’épargner tous les nœuds au cerveau dont je suis capable. Je n’ai été que pragmatisme jusqu’à exploiter l’agent immobilier qui s’occupe de notre futur logement, et lui demander de faire l’intermédiaire avec l’opérateur de son choix, pourvu que j’ai une carte SIM le plus rapidement possible.
Cet homme calme et posé a compris ma détresse, et dès le lendemain, soit vendredi dernier, soit exactement cinq semaines après notre arrivée, je reçois la confirmation de la livraison, par coursier toujours, pour le dix-huit novembre.
J’ai admiré le service client, la rapidité, l’efficacité. J’ai reçu un agréable mail que je joints, pour m’expliquer la livraison, le « tracking number », le site internet de suivi, le numéro du « call center », bien « in English » en cas de problèmes. Je me disais ce samedi, jour de la livraison, que j’allais vous traduire ce message, vous l’envoyer, vous dire combien tout est rose et extraordinaire au Japon. J’aimais tout le monde.
Dans les faits, je n’ai jamais été livrée dans le créneau retenu, 12 h 00 – 14 h 00, et je n’ai jamais été livrée tout court. J’ai appelé le « call center », qui certes a répondu dans les cinq secondes mais m’a aussi expliqué que mon « tracking number » était inconnu. J’en étais médusée. Au troisième coup de coursier – le deuxième, c’était la carte bancaire, et le premier, je n’ai jamais réussi à lui ouvrir la porte d’entrée de la tour, avec mon interphone aux multiples touches et caméras de surveillance -, j’avais réussi à prendre en défaut le pays numéro un au monde du service client, le pays de toutes mes admirations depuis des années, le pays le plus irréprochable à mes yeux. Mais je suis très vite retombée sur mes pieds, mon cerveau a appuyé sur la touche déni, et j’ai décidé de vous écrire que l’ « erreur est humaine ». Voilà, c’était très facile. Le dilemme résolu et un mail envoyé pour reprogrammer la livraison, nous sommes tous allés nous promener, le cœur léger.
Dès notre retour, un mail m’attendait (que du WiFi, vous ai-je dit) et m’expliquait que la livraison était bien prévue le dimanche dix-huit novembre. « Damned », l’erreur humaine, c’était moi ! Je m’étais trompée de jour, n’ayant pas pu concevoir un seul instant, oui, un seul instant, que je pouvais être livrée un dimanche. Pour la deuxième fois de la journée, je suis restée médusée. Mais j’étais rassurée, mon Japon avait finalement tenu sa promesse de Japon, de pays numéro un au monde, de service client et d’étonnement. Après les « shopping malls » et tous les magasins – même les coiffeurs -, après la poste, voici que les coursiers eux aussi étaient sur le pont sept jour sur sept.
Malgré tout, le dimanche étant certainement un jour d’affluence, le créneau sélectionné de 12 h 00 – 14 h 00 s’est transformé à 15 h 00, en créneau de 19 h 00 – 21 h 00 et j’ai été livrée à 20 heures. Mais cet après-midi un peu chaotique pour toute la famille importait peu, seule ma carte SIM comptait.
Cette histoire de carte SIM est un peu celle de notre arrivée au Japon et le nombre d’astérisques en est un signe, peut-être pénible pour le lecteur. Elle est aussi l’histoire de mon autonomie et de ma liberté (avec mes cartes bancaires et la rentrée scolaire de nos filles). Maintenant que je suis connectée au réseau virtuel Japonais, où que je sois, à Tokyo ou dans les campagnes, je me sens revivre complètement.
Mais alors qu’à l’instant, je finis tranquillement de travailler à cet article – pendant que vous dormez encore, chers lecteurs – et pensais savourer avec vous l’événement, un intrus s’est bel et bien invité, malgré l’alerte avisée d’une fidèle lectrice. Toute la ville de Yokohama, siège et tentaculaire fief de Nissan******, est en émoi. Carlos Ghosn est en train de tomber, Carlos Ghosn n’est pas seulement soupçonné de fraude fiscale et d’abus de biens sociaux, Carlos Ghosn est odieusement en train de me voler la vedette.
Alors, oublions vite l’histoire de la carte SIM et à très bientôt chers lecteurs, pour de plus amples nouvelles, si je le peux !
* Voir l’article Le premier jour du reste de mon expatriation au Japon
** Voir l’article Une journée de petits riens ou comment le Japon se dévoile peu à peu
*** Voir l’article Sueurs froides
**** Voir l’article Petites et grandes pensées du jour
***** Voir le site Kanpai!
****** Voir l’article Luxe et passion
Que de suspens et de rebondissements !
Cette article est digne d’un roman policier.
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Merci Stéphanie ! C’était un défi pour moi car l’article est long et il fallait garder le suspens et l’envie jusqu’au bout. C’est donc réussi. Merci pour tes commentaires fidèles et bonne continuation ce jour !
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Que de gloussements et de rires dans l’open space ce matin… je soupçonne les collègues de savourer, comme moi, ce truculent article !!
Je te rassure, la vedette à mes yeux à Yokohama, c’est toi 🙂
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Merci Nelly pour ce témoignage ! J’aime vous imaginer rire le matin à votre arrivée ! Cela me fait bien rire aussi 🙂
Je suis rassurée pour la vedette 🙂 C’est cool !
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Je t’imagine trop te battre avec ton interphone!!!! C’est épuisant comme pays. Tu tiens le bon bout, courage, tu as le fait le plus dur. Je pense que j’y aurais laissé mes nerfs depuis longtemps… Tu as toute mon admiration
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Merci pour ton empathie et tes encouragements Cath… Il y a en effet de quoi y laisser ses nerfs et sans doute que ce blog est un bon remède pour en rire 😉
Et tu sais que tu as toute mon admiration en retour 🙂
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Marie Pierre,
Cet article me fait penser à un titre de bd de Manu Larcenet le combat ordinaire…
Quel combat…
Ce que je découvre au cours de ces articles c’est la hargne à votre liberté et indépendance et droit à l’expression…
Félicitations. Je ne fais pas plus car si cette bête croque mon commentaire comme pour le précédent… Alors je vais aussi devenir une aventurière… Certes certes à mon niveau !
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Oh nouvelle joie ! 😉 Une nouvelle référence à partager avec tous les lecteurs. Je joints une proposition de liens pour les curieux :
https://www.babelio.com/livres/Larcenet-Le-Combat-ordinaire-Tome-1/9145
Merci Annie pour le partage !
Et pour le reste, j’apprends à rejoindre la grande famille des aventurières. En partant au Japon, c’est ce qu’une amie très chère a voulu me souhaiter de meilleur. A bientôt pour la suite 🙂
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Je lis cet article 1 jour après tout le monde, du coup ils savent tous pourquoi je glousse derrière mon PC. Je comprends ce sentiment de liberté (de renaissance?) !! Hâte de commercer le début d’une deuxième saison « Kawai or not Kawai » 🙂
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Bonjour Delphine, je pensais justement à toi. Ce qui est embêtant avec ce blog, c’est qu’on ne peut plus faire discrètement et tranquillement ses petites affaires dans son coin ;-)))))))
Merci pour ta présence 🙂 et à très vite !
Grosses bises.
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Salut Marie-Pierre, quelle énergie tu dois dépenser pour faire face à tout ça… garde le cap et continue à nous régaler. Et pas trop de Coca Zero pour surnager STP. Bises
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Salut Delphine ! Oh joie aussi de te lire 🙂 Mais comment as-tu deviné que je suis déjà en train d’essayer de me sevrer du coca ??? :-(((
J’ai un gros handicap, je ne trouve plus mes tisanes favorites Yogi Tea. Voilà, j’ai encore trouvé une bonne excuse pour ne pas réussir 🙂
Belle continuation à toi et à très vite !
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