Goodbye « Minato Mirai » !

Une pensée pour vous, chers lecteurs. Depuis vendredi dernier, je ne vous ai pas écrit mais soyez sans crainte, je ne vous ai pas abandonné pour l’exclusivité de Fumiko*.

Je partage avec vous quelques moments de ma journée de lundi 26 novembre, même s’il est assez étrange de vous livrer un premier jour de la semaine pour un dernier, ce vendredi 30 novembre. Mais je crois que vous commencez à vous y faire, aux fantaisies de ces aventures.

Je vous envoie une matinée au « Starbeurk », comme l’appelle ma fille cadette. Ce mot ne fait référence en rien à une quelconque qualité de la marque. Notre monde est envahi de mots qui se laissent difficilement apprivoiser : les sandwichs sont des « chandwichs ». Longtemps, L. a porté de magnifiques « crevettes » avant que la mode des cravates ne passent, et longtemps également, nous nous sommes assis sur de confortables « poussins ». Aujourd’hui et avec l’âge, nous préférons les coussins, plus stables. Avec l’hiver, nos filles nous demandent d’acheter des bottes « au fourrage » que nous traduisons en silence, trop fatigués, par « fourrées ». Ne menant qu’un combat à la fois, nous nous battons encore un peu pour que « au mieux » ne soient pas préféré à « au lieu ».
Je disais donc, une matinée à lire un des titres recommandé par une lectrice du blog et à prendre des notes sérieusement, bien que parfois interrompue par l’agitation de mon voisin de table Japonais et tendrement bercée par la « play list » toujours aussi guimauve de l’endroit**. Même si j’ai changé de Starbuck à « Motomachi » pour le plus proche de chez nous, et même si ce dernier est plus studieux étant cette fois le quartier général des « actifs », la « Christmas play list » est de mise où que vous entriez. Les temps modernes et la mondialisation ont ceci de magique qu’ils nous ont apporté la rassurante standardisation des choses et des lieux, surtout quand vous ne supportez plus votre minuscule studio froid et anonyme après six semaines de cohabitation et qu’il vous reste encore quelques interminables jours à souffrir.

La seule réelle coupure à cette matinée s’est présentée sous la forme d’un message « WhatsApp », quand à peine installée, mon « indic » m’a alerté qu’au quartier général de Nissan, des manifestations sévissaient avec une caricature de l’ex numéro un. Le « show room » avait été fermé par précaution, et les collaborateurs de Nissan essayaient d’endiguer le mouvement, d’où l’impossibilité de prendre des photos. Si j’avais été journaliste, j’aurais laissé mes lectures et le programme de ma journée en plan pour donner la place et la priorité à l’actualité – je crois que c’est ainsi que l’ « on » s’exprime dans le jargon du milieu. Mais « au mieux » de cela, j’ai poursuivi ma lecture en haussant les épaules. Il est bon, chers lecteurs, de taquiner de temps en temps les nouvelles fraîches du jour.

Plus tard en début d’après-midi, je suis allée y jeter un œil. Les manifestants ne m’avaient pas attendue et seul le « show room » fermé témoignait de l’agitation passée. Je suis rentrée par notre pénible studio pour chausser des baskets et je suis partie chercher nos filles à pied en longeant les quatre kilomètres de promenades piétonnes le long de la mer. J’ai d’abord constaté que malgré Carlos Ghosn, le monde tournait bien rond et que l’entre-soi des voitures de luxe n’était pas dérangé. Tranquillisée, j’ai atteint l’entrepôt de brique rouge (un lieu qu’il faudrait que je prenne le temps de vous présenter) et j’ai traversé le marché de Noël Allemand dont je vous envoie quelques lumières du jour et de la nuit – les photos le soir ont été prises la veille, je les positionne pour cette raison à la fin de la série ; allez comprendre encore une fois cette logique temporelle ! A l’occasion de cette fête aussi commerciale au Japon que l’est pour nous, Halloween, j’ai admiré le Père Noël conduire son traditionnel traîneau, sympathiser avec un âne ce qui en fait à mes yeux la plus douce des âmes, ou faire de la moto pour les personnalités plus rock’n roll. J’ai aussi croisé les « big four » qui, sur leur trente et un, donnaient l’illusion de vouloir sympathiser avec leurs semblables pour faire plaisir à leur maître. Mais ils auraient bien tenté quelques démonstrations de force, fête de Noël ou pas. Puis, j’ai résisté pour ne pas commander un vin chaud. Avec un bon dix-neuf degrés, un ciel bleu et à quatorze heures quinze l’après-midi, j’ai eu du mal à me justifier auprès de moi-même. J’ai donc poursuivi ma route par le parc « Yamashita »**, que vous connaissez bien maintenant, puis par le parc « America-Yama ». J’ai pu admirer les parterres de fleurs, les couleurs de l’automne et les grand-mères prendre en photos de futurs mariés eux-même pris en photo.

C’est ainsi, ce sont nos derniers jours à « Minato Mirai » car nous nous installons bientôt dans notre nouvelle maison. Et même si mes déambulations sont parfois magnifiques et étonnantes, et même si mes quelques prémices d’habitudes sont très agréables pour les rencontres amicales qu’elles occasionnent, elles ne compensent pas finalement le besoin de poser ses valises, de s’enraciner et de goûter un peu d’espace et d’intimité.

C’est donc dans un nouveau quartier que je vous retrouverai, chers lecteurs, quartier qu’il m’est arrivé de vous raconter par infimes touches mais que je vous ferai vivre désormais. Tout cela étant enfin très heureux, « Goodbye, Minato Mirai » et « A nous, Yamate » !

Excellent week-end à vous tous !

 

* Voir l’article A Tokyo, sur les pas de Fumiko Hayashi
** Voir l’article Groundhog Day

5 commentaires sur “Goodbye « Minato Mirai » !

Ajouter un commentaire

  1. Marie Pierre
    Je suis impressionnée de la puissance de la standardisation… J’entends le répère créé. Néanmoins j’en frissonne sur la perte crée… Je pense alors à tes grands amis artisans boulanger, vive l’artisanat, la créativité…
    Et quelque-chose me dit que quitter ce quartier va vous faire du bien. Tant par abandonner le studio, que par laisser Nissan à ses manifestants qu’à quitter le luxe…

    Je vous préfère largement en Fumiko Hayashi foulant le sol japonnais… Et si luxe se construit c’est après un ardent travail d’interiorisation qui permet la construction d’une maison avec une vraie beauté extérieur parce qu’en lien avec tout son être.

    Continuez à écrire avec tout votre être Marie Pierre.

    Et je vais me replonger ds le texte précédent… Celui de Fumiko dont j’ai enfin apprivoisé prénom et nom.

    Annie

    Aimé par 1 personne

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