2019

Vous dormez, chers lecteurs, mais l’Asie a quelques heures d’avance. Fidèle au Japon et à quelques transmissions, je vous envoie des mots brefs, des traditions glanées et des images.

Le pays nous pousse fort. Le trente-et-un décembre, nous avons finalement rangé nos décors de Noël au risque de devenir trop anachroniques, fait un grand ménage et rempli nos placards pour tenir le siège des trois premiers jours de l’année, fériés et fermés. Comme les Japonais, nous nous sommes préparés à accueillir la nouvelle année ainsi que nous l’aurions fait de bons amis invités à dîner.

Nous gardons quelques inquiétudes néanmoins et nous inclinons bas et humblement devant les dieux et les démons pour notre inexpérience. Nous avons bien déposé notre paire de “Kadomatsu”, constituée de pin et de bambou (j’ai préféré une branche argentée et j’espère que les fantaisies sont admises) pour accueillir les dieux. Nous espérons également qu’ils ne seront pas trop offusqués par notre installation tardive. S’agissant du “Shimekazari”, la couronne de paille de riz accrochée à la porte d’entrée et censée repousser les mauvais esprits, elle est passée à la trappe, tout comme le “Kagami mochi”, constitué de deux portions de mochi* (qui représentent l’année passée et l’année à venir) et d’une clémentine posée au sommet.

Le luxe de notre dîner fut un extatique saucisson venu tout exprès de France accompagné de fromages à la hauteur de la charcuterie. Nous en rêvions ! Nous y avons ajouté un plat de « Soba », longues pâtes fines de sarrasin censées représenter la longue vie à venir.

Et le Japon continue à nous pousser fort. L’appel, dès six heures, d’un bateau de croisière arrivé au port et nous nous sommes arrachés de nos lits pour contempler le premier lever de soleil de l’année. Un chat du quartier surnommé « Pépette » par nos filles nous attendait déjà sur le pas de la porte et nous avons rejoint le « Harbor view park ». Le « spot » était animé, des vélos, des photographes, des sportifs, des familles avec des bébés, des maîtres et leur chien, des amis, des amoureux, des passionnés, des contemplatifs ! Nous étions tous rassemblés, observateurs silencieux d’un merveilleux spectacle qui se répète pourtant chaque matin. Dès huit heures, nous étions revenus, comblés d’intuitions généreuses pour l’avenir malgré le froid et un sommeil exigeant son reste, et installés autour d’un petit-déjeuner pour fêter notre deuxième premier janvier avec la France cette fois ! A neuf heures, nous aurions dû boire notre premier verre de saké** de l’année. La bouteille nous attendait bien au frais mais malgré notre prévoyance, nous avons flanché et déclaré forfais.

Au mépris d’une nuit courte et légère, je préfère prendre mon stylo et dire qu’à vous tous, chers lecteurs, fidèles et attentifs, chers lecteurs à venir, je souhaite une très heureuse année 2019 et j’espère que nous pourrons continuer notre route ensemble !

A vous écrire, je réalise qu’il me reste à accomplir la première visite de l’année au temple. Rien n’est superflu pour faire le vœu que la nouvelle année soit bonne et inscrire mes souhaits les plus chers. Quant à vous, je souhaite que vous ayez des vœux nombreux et que vous osiez les demander très fort et souvent. Et même si vous n’en aviez qu’un, les dieux sauront vous écouter, j’en suis sûre.

Bons vœux, chers lecteurs !

* Mochi : gâteau de riz. Le mochi est une préparation à base de riz gluant, appelé « mochi gome », qui accompagne de nombreuses recettes au Japon.
** Saké : alcool de riz.