Cette fois pas de message heureux d’un équipage pour annoncer notre arrivée sur le plancher des vaches français.
Il est aisé de comprendre que la photo est prise depuis le hublot. Les lignes élégantes et le disque solaire nippon balayent les géométries de notre pays. C’est beau. C’était avant le désastre.
L’atterrissage s’est transformé en camp d’entraînement à Cape Canaveral et j’ai cherché Thomas Pesquet à la rescousse : “Hi mate ! Un petit conseil pour la route ?” Seul un sachet ultra résistant aux protestations des corps trop éprouvés m’a répondu. “Tu perds ton temps.” J’étais au chevet d’une de nos filles. “Plus que dix minutes, cinq minutes, quatre, trois, deux, une. Plus que trente secondes. Les roues vont bientôt toucher le sol. Tiens le coup ! Tiens le coup ! Ça va aller. C’est bien.” Je prie pour que sa sœur avachie résiste elle aussi. Le surplus de supplications, je me le réserve, aussi pantelante qu’un Pinocchio sans vie. Je suis dans le ventre de la baleine. Mais qu’est-ce qu’elle a aujourd’hui à s’agiter ainsi ?
Nous nous posons enfin. L’avion continue sa course et ma fille peut enfin se mettre à l’aise. Joli paquet à l’hôtesse avant de sortir. Je me serais bien allongée dans l’aéroport mais il reste le contrôle aux frontières, toujours le même gars, les bagages, l’œil inquisiteur de la douane, le chauffeur.
Rebelote dans la voiture, dans les bouchons, dans les banlieues. “Maman, je me sens mal.” Je plonge dans le coffre, dans les bagages, à la recherche d’un sac. J’ai le cœur qui chavire. Un mantra pour moi-même. “Tiens le coup ! Tiens le coup ! Ça va aller. C’est bien.” Et le diable. “Mais pourquoi tu n’as pas pris un sac dans l’avion ? Pourquoi ?” J’ai pris la décision irrévocable de ne plus rentrer en France.
Depuis, nous goûtons des réveils matinaux. Trois heures du matin. Puis nous nous tenons à cinq heures trente. Nous ouvrons les fenêtres et restons là, à regarder notre jardin. La fraîcheur du jour qui se lève, une brise légère rafraîchit nos épaules. Je ne la connais plus depuis des semaines ou si faible. Le plomb s’est installé chez nous, le jour, la nuit, un brouillard chaud et dense dont nos corps voudrait se débarrasser, en vain. Je m’emplis de froid. La lumière claire, des reflets chauds, la palette des gazouillis. Je pense à nouveau à Yamate. Les corbeaux ont tout envahi. “Kâ”, “Kâ” “Kâ”. “Tu crois que l’écureuil vit toujours là ?” Je regarde à pleins yeux le vert. Et je retrouve les odeurs.
Plus loin encore, dans les paysages de mon enfance. Je retrouve les hirondelles et leur vol en rase-mottes le soir. Je sais qu’elles aiment jouer. Je sais aussi que ces forcenées de l’aurore me réservent un réveil retentissant. Elles chanteront des à tue-têtes joyeux. Tiens, des abeilles se sont installées dans cette fente. Elles vivent leur vie et nous laissent dîner en paix sur la terrasse. Je n’ouvrirai pas la fenêtre de la chambre côté jardin. Une grosse araignée a élu domicile au pied de ma douche. Trop fatiguée, je renonce à une toilette du soir, après un voyage de presque deux heures sans climatisation. “Toi, tu profites de mes chasses aux cafards. Je te donne jusqu’à demain matin. Après, je t’expulse.” Après tout, mes voyages en ont vu d’autres.
Les odeurs remontent de la terre, plus prégnantes encore que dans la vallée. Je devine la rivière, le pont, la prairie au loin, le foin séché. Quand sera-t’il fauché cette année ? L’angélus de huit heures, quelques mots encore. Il est temps de prendre un petit-déjeuner.
Je savoure l’été et les vacances, une certaine insouciance. Je ferme le rideau pour quelques semaines. Les prochains articles peuvent bien attendre notre retour. Peut-être.
Belles et heureuses vacances à vous tous et merci pour votre fidélité.
Quelle aventure !!!
Ce n’est plus qu’un mauvais souvenir 🤢🤮
Le retour est loin mais il sera plus calme 🛩🛫🛬
Passez de très bonnes vacances en France 🏖🌞
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Merci Stéphanie !
Et vous nous aidez bien à ce que tout cela ne soit plus qu’un mauvais souvenir, bien effacé déjà 😉
Gros bisous et PRO-FI-TEZ !!!
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