De neuf heures à douze heures, trente et un degrés. Trente-neufs ressentis. Cet après-midi, trente-quatre, quarante ressentis. La nuit passée, vingt-neuf degrés, ressentis trente-trois. Combien ? Soixante-dix ? Quatre-vingts pour cent d’humidité ? Les chiffres s’égrènent. « Maman, je n’arrive pas à respirer. J’étouffe. » Une étuve. Le jour, la nuit. Sans air. Sans sommeil.
Il nous reste la climatisation, réglée à vingt-six degrés. J’ai attrapé un rhume et un mal de gorge. Toujours pas de sommeil.
Vendredi seize, jour de notre retour, recouchées à cinq heures du matin. A deux heures, notre fille cadette est venue me trouver : « Maman, je n’arrive pas à dormir. » Je me suis réveillée en sursaut. Nous regardons la télévision, Netflix, un film de Noël, au royaume d’Aldovie, A Christmas prince, qui ne veut pas du trône, une roturière journaliste sympa en converse à la recherche d’un scoop, mais surtout, de la neige, de la luge et des traîneaux, des bonnets et des feux de cheminée.
Samedi, recouchées vers trois heures trente. Puis L. s’est agité. Éternuements, démangeaisons, asthme. Des antihistaminiques et du rescue (1). Quatre heures cinquante et une exactement quand je regarde l’heure : l’aube se pointe et les cigales aussi, escortées par le babil d’oiseaux inconnus donc exotiques. Les affreux corbeaux ne font plus la loi sur le parc Motomachi (2). Au dehors, une cacophonie de forêts tropicales. Je cherche toujours le sommeil et je chasse tant bien que mal les mauvaises pensées, à l’affût d’une brèche.
Cette nuit, dimanche, veille de la rentrée, recouchées vers deux heures trente. Notre cadette demande : « Maman, tu crois que je vais dormir ? » J’invente des histoires. C’est Madou, une petite fille. Elle voyage beaucoup en Asie, avec ses parents. Elle a perdu son sommeil. Il est resté en France, en Provence, à Gordes, avec les amis, la piscine, les soirées, et les barbecues. Ou alors, il goûte les paysages de montagne, les terrasses, la fraîcheur, le fromage. Il est sans doute passé par les bords de Saône, les vignes vallonnées et quelques églises romanes. Il a poussé la route jusqu’à Puligny-Montrachet et peut-être Autun. Il a fini sa course en Normandie, pas farouche, c’est sûr, et débonnaire. Il attend quelques étoiles filantes, quand les nuages veulent bien ouvrir le rideau et la pleine lune baisser un peu le ton.
« Le sommeil de Madou doit traverser l’Europe du Nord, par l’Allemagne, la mer Baltique, jusqu’à la Finlande. Une salutation au Père Noël. Puis il doit traverser la Russie, toute la Russie. Tu imagines ? Le plus grand pays du monde. Longer la frontière avec la Chine, et enfin traverser la mer du Japon. A présent, il me semble que le sommeil de Madou est à Saint-Pétersbourg ou quelque part par là. Tu connais Saint-Pétersbourg ? Non, moi non plus. Tu vois, le sommeil de Madou va finir par arriver. Il faut lui laisser le temps. Il ne prend jamais l’avion avec Madou, alors il voyage beaucoup moins vite qu’elle. Il avance par petits sauts et quelques haltes. »
Ce matin, nos filles ont fait leur rentrée. Une vraie cette fois : pas de quelques semaines en France ou une tronquée à la Toussaint. A sa maîtresse qui s’était présentée quelques jours auparavant par mail, « When I am not at school, I enjoy walking in nature, etc. », notre fille aînée a répondu hier : « I am very stressed with English, etc. » Les copines sont dans les mêmes classes.
De mon côté, j’ai retrouvé des mamans japonaises amicales. La directrice adjointe m’a reconnue et saluée. Le chef cuisinier a déjà pris mes empreinte digitales pour approvisionner notre compte à la cafétéria. Fini le mot de passe à déterrer de mon téléphone. « Great your new system ! » en anglais approximatif. Il importe peu. Nous faisons partie des murs cette fois-ci. Une bonne suée dès huit heures trente sur le chemin du retour à la maison. A l’aller, j’ai éternué tout mon corps et vidé les paquets de mouchoirs de nos filles.
Il reste à attendre notre sommeil et l’automne. Le cafard pour l’été qui se termine n’existe pas ici. J’allume de temps en temps la climatisation. Les parades des cigales mâles raisonnent dans ma tête dans un bruit de métal. Je voudrais hurler : « Ça suffit ! On n’entend que vous ici ! » Un peu de nausée. Je me mouche. Je m’offre une aspirine. C’est ma rentrée aussi.
- Voir l’article Jet-lag : comment je suis devenue une anti-héroïne
- Voir l’article Où je vais, d’où je viens
Courage pour cette rentrée!!!
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Merci ! Je suis très touchée par votre message amical. Avez-vous posé vos valises en Suisse cet été ?
Bonne continuation
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Bonjour
C’est mon retour aussi. Pas la rentrée. J’ai bien dormi. Pas de jetlag ! Néanmoins je reçois comme un choc dans ce retour…
Ce texte m’accompagne… Il me fait du bien…
Bises Annie
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Bonjour Annie,
Bon courage à vous ! Je suis désolée d’apprendre votre choc. Je compatis avec amitié.
Et votre message et vos pensées me font du bien aussi.
A très bientôt et grosses bises
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Bonne rentrée à tous ! Pas facile à gérer avec le jetlag et la chaleur… En tout cas, ravie de te retrouver sur ton blog
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Coucou Cath,
Merci pour ton message. Moi aussi, je suis TRÈS contente de te retrouver. Et de retrouver les lectrices et les lecteurs.
Les vacances font beaucoup de bien et en même temps, ce blog sans nouvelles laisse un vide.
La rentrée a quelques bons 😉
Bon courage à toi et bonne reprise surtout !
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Voilà une lectrice de plus rentrée de vacances, extraordinaires moments à Paray, randos sportives en famille (4 motivés et une beaucoup moins…), et qq jours de plage. Meme sans jetlag ce retour est toujours un combat : du coup faut il vraiment déconnecter ?!
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Coucou,
Merci pour ces nouvelles Delphine. Et je suis heureuse d’apprendre que tu as passé de belles vacances en famille. Et ce combat que nous menons pour certains et certaines, nous le partageons. La peine est moins difficile.
Bon courage à toi ! En espérant que tu gardes le plus longtemps possible l’esprit de tes vacances et leurs bienfaits 🙂
Bises
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Bonjour à tous,
Merci beaucoup pour la reprise de ce blog qui nous a manqué.
Nous sommes ravis de savoir que vous avez passés de bonnes vacances. C’est le cas pour nous aussi.
La reprise du boulot est bien facile pour nous…pas de décalage horaire…pas de chaleur abominable…
Nos enfants ont une semaine pour se caler aux horaires de l’école… facile pour eux aussi.
Nous vous souhaitons donc plein de courage pour cette reprise difficile.🤧🥵😴
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Bonjour Stéphanie,
C’est une immense joie aussi de te retrouver sur ce blog ! Vous m’avez manquée à moi aussi 🙂
Et je suis heureuse d’apprendre que vous avez passé de bonnes vacances !
Bon calage pour les enfants avant la rentrée. Tous les deux commencent une nouvelle étape de leur vie.
A très vite 😉 et grosses bises
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Hello hello,
Assez rude ce retour… J’espère que malgré la chaleur et le décalage horaire, leurs premières journées d’école se passent bien.
Contente de retrouver le blog et tes histoires 🙂
A très vite ! Je t’embrasse.
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Hello Nelly,
Et EXCELLENTE semaine de rentrée !!! Bon atterrissage !!!
Les filles semblent profiter davantage cette année. Ce ne sont plus les petites nouvelles larguées dans la jungle de l’anglais par des parents « kamikaze » 😉
Je suis heureuse de vous retrouver toutes, les unes après les autres, en fonction de vos dates de rentrée. Vous m’avez manqué. C’est un vrai bonheur et je m’en frotte les mains.
A très bientôt et COURAGE 😉
Bises
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Quel retour, chaleur, manque de sommeil et un peu / beaucoup de nostalgie….
Elle est très jolie l’histoire que tu as imaginé pour Madou pour lui expliquer le long parcours du sommeil qui ne voyage pas en avion…
J’espère que tout est rentré dans l’ordre rapidement!
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Merci Fred. Merci pour ton soutien.
Je suis heureuse que l’histoire de Madou te plaise. Avec tes jeunes enfants, tu dois y être particulièrement sensible 😉 En tous les cas, notre fille cadette a apprécié et a souhaité retourner se coucher après… soporifique ou efficace ?
Grosses bises
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