C’est d’saison

Mercredi, en voulant monter d’un cran dans l’extermination des cafards, je découvris dès l’entrée du magasin les deux plus grands rayons à insecticides jamais vus. C’est d’saison ma bonne dame. J’appris également toutes les bébêtes auxquelles nous échappons à ce jour. En ne les attendant pas celles-là, nous savons que des cafards sont planqués quelque part dans la maison.

J’en surpris un dans notre salle de bain dès notre retour de Nikkō. Dans la nuit du trente et un mai au premier, il s’annonçait fidèle au rendez-vous du mois de juin. Quand le proprio n’est pas là, les cafards dansent. Le temps que L. ne se harnache de deux aérosols portés hauts et serrés aux hanches, il eut tout le loisir de déguerpir. Il resta caché deux soirs jusqu’à ce que L. ne repère sa planque et ne l’abatte. Pschhh fait l’aérosol. Nous faisons fi de la décoration, il est posé à même la moquette à l’entrée de la salle de bain. Le lendemain matin, un autre s’échappa entre les pieds de L. et tenta de se réfugier dans la chambre de notre cadette. L. sortait de la douche, attrapa la bombe, courut à sa poursuite en tenue d’Adam et l’aspergea. Pschhh.
« Tu fais quoi papa ? demanda notre fille, le visage encore plein de sommeil.
– Rien. Rien. »
Il eut le temps de faire disparaître la bestiole dans le flush des toilettes.

Tiens ! Pas plus tard qu’hier soir en allant me coucher, j’en repérai un troisième se prélasser à la météo du lieu. Je rentrai dans la chambre, la mine décomposée :
« Qu’est-ce qu’il y a ?
– Un cafard dans la salle de bain.
– Pas encore ! »
L. se leva, saisit délicatement la bombe afin de surprendre le plagiste et l’aspergea. Pschhh. Pschhh. Pschhh. L’agonie dure quelques secondes, le temps que l’insecte n’essaie de s’enfuir, que le tueur ne s’empresse derrière lui et lui en remette une couche afin de s’assurer du coup. Pschhh. Pschhh. Pschhh. Je fis des cauchemars toute la nuit. Je ne pouvais pas réveiller nos filles pour les prévenir d’allumer la lumière si elles allaient aux toilettes et de faire une inspection, du sol au moins, au risque d’écraser un… un… un… 

Ainsi notre voisine conseilla les poisons à cafards censés décimer toute la bande au retour de son baroudeur dans le nid, si tant est qu’il revienne au bercail. Eux n’avaient pas encore aperçu les drôles. En un mot, les pièges en forme de gentillette maison en carton, « Venez mes jolis, ici la mort vous sera plus douce ! », ne suffisent plus. L’appât date de la saison dernière et les jolis en question semble bouder la cuisine et préférer la salle de bain, plus humide. Je découvris donc les deux plus grands rayons à insecticides jamais vus. Et c’est d’saison ma bonne dame.

Plus tard dans la soirée de ce jour special shopping, et plus inquiétant à Tokyo, j’appris par les réseaux sociaux (1) confirmés par la presse (2) qu’environ mille fourmis de feu – inconnues au bataillon, plus agressives, à la piqûre douloureuse voire mortelle en cas d’allergie – ont été découvertes sur un bateau de fret en provenance de Chine dans le port de Mihana, dans la préfecture de Chiba, l’autre bras de la baie. Il existe quelques divergences entre les informations des expat et celles de NHK : là, plus de deux cents fourmis, les installations du port, trois cent fourmis dans le port de Yokohama la semaine précédente. Leur prolifération et leur agressivité posent problème, les températures augmentent, elles aiment ça, et on recherche la reine et son nid. Téléphoner au 0570-046-110 si vous en voyez. 

La suite n’a sans doute rien à voir. Encore un peu plus tard dans la soirée, nous reçûmes une bonne nouvelle. Les producteurs de la ville de Zentsuji rassurait la presse. Cette année les expéditions de pastèques carrées seront elles aussi fidèles au rendez-vous (3). L’expédition des quatre cent heureuses élues avaient commencé mercredi. Pfiou ! Je passe le mode de production, le fait qu’elles sont or-ne-men-ta-les, registered trademark à Zentsuji, qu’elles coûtent 10,000 yens cette année, plus de 80 euros, l’identité des clients, que les producteurs japonais n’ont trouvé que cette solution il y a environ cinquante ans afin de redonner de l’intérêt à ce fruit en perte de vitesse face aux glaces et sodas. John Daub sur le net a fouillé l’affaire et il paraît plutôt sympathique (4).

Hier à Hiroo dans le quartier des ambassades à Tokyo, je voulus profiter des rendez-vous chez l’orthodontiste pour visiter les temples du coin où se trouverait une stèle pour l’âme des rats tués en masse à l’époque des épidémies de peste (apportée avec les étrangers et l’ouverture de certains ports à partir de 1854). Je la cherchai, cherchai, m’enfilai dans le chemin boisé et sombre d’un temple, nos filles sur mes pas, voulus le prendre en photo quand je vis un gros moustique se poser sur la manche de ma veste. Je l’envoyai au diable. Clic, demi-tour, face à nos filles en short et t-shirt :
« Courez les filles !
– Quoi ? Mais qu’est-ce qu’il y a maman ?
– Courez vite ! Il faut sortir de là. Vous allez vous faire bouffer par les moustiques. » 

  1. Info locales au Japon sur Facebook, voir la photo numéro huit.
  2. Hundreds of venomous fire ants discovered in Tokyo; queen to be found, Japan Today, 24 juin 2020
  3. Square watermelons ready to be shipped across japan, Japan Today, 24 juin 2020
  4. Square watermelon farming – Only in Japan, 10 août 2016

6 commentaires sur “C’est d’saison

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  1. Que de nouvelles à rebondissement !! La pastèque carrée *Only in Japan* !!. Et dire que je suis en plein « lacher prise » pour co-habiter avec des fourmis qui viennent squatter la poubelle de la cuisine … ! Bah voilà, j’ai tout nettoyé et je tente ma nouvelle arme : la craie . J’ai dessiné un trait devant leur entrée … suite au prochain épisode !

    Aimé par 1 personne

    1. Coucou Delphine,
      Alors cette solution de la craie devant l’entrée de ces fourmis indésirables ? Cela a-t’il marché ? Je compatis. Je compatis (mais je ne connaissais pas). Toi aussi tu t’es lancée dans un grand nettoyage !? Je suis en plein avant notre départ en vacances afin de ne laisser aucune chance qu’à… la malchance 😉
      Bon courage et à bientôt de tes nouvelles. Vos enfants sont désormais en vacances, j’espère que vous avez pu vous organiser comme vous le vouliez.
      Bises chaleureuses

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    1. Merci !!! 🙂
      Ele. a listé les insectes parmi les inconvénients du Japon, avec la pluie l’été, quelle idée !, la chaleur et l’humidité qui fait transpirer (hors norme)… C’est la mauvaise saison 🙂
      Grosses bises et plein de pensées

      J’aime

    1. Merci !!! Il vaut mieux en rire !!! C’est bon signe.
      J’ai aspergé une fois ce matin. L. une fois ce soir. Un autre a été pris dans une de nos maisonnettes… Je crains le pire à notre retour… Quand les proprio sont partis, c’est qui qui danse ?
      Je t’embrasse aussi 🙂

      Aimé par 1 personne

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