Il s’avère très difficile pour ma part de me rappeler les émotions et sentiments de mes coups de down une fois que ceux-ci sont passés. Je me retourne pourtant, mais je peine même à réaliser que oui, je me trouvais bien dans cet état, que cela a bien existé.
Samedi 30 janvier dernier n’explique pas à lui seul le début de la descente, je ne le crois pas. Il s’agit souvent d’un tout. Puis un événement en particulier émerge et fait la bascule.
Il avait d’abord fallu que l’école ne rouvre pas le 11 janvier et reste fermée trois semaines à la suite des trois semaines des vacances scolaires (1). Je découvrirais le dimanche vers dix-neuf heures, veille supposée de la reprise et lendemain de ce 30, qu’il s’agissait de quatre semaines en réalité. J’avais mal compris l’information ou je n’avais pas pu me la figurer et ne voyant pas venir le mail habituel confirmant la rentrée, j’avais fini par douter et relire mes messages. J’imagine que cette incompréhension ou ce déni a continué ce mouvement de la chute. Ainsi l’école avait doublé les sécurités en appliquant les deux semaines d’incubation potentiellement à risque et en en ajoutant deux supplémentaires qui auraient pu devenir quatre ou six ou huit selon son bon vouloir.
En plus du contexte de la troisième vague déjà décrit dans le précédent article (1), je savais que Oidon san avait attrapé la Covid. C’était la seule information que je possédais sans aucune nouvelle de l’évolution de sa maladie. Sans qu’il y paraisse, l’inquiétude que j’en avais liée à son âge et le silence dans lequel je demeurais avait contribué à cette acceptation passive des choses. Le virus me semblait très proche désormais. Se résigner, s’enfermer et attendre. Ma grand-mère, elle, en était décédée, le lendemain du jour où je rencontrais à nouveau Oidon au Minton et lui témoignais mon soulagement de le revoir, certes fatigué, les traits blancs et tirés, mais sain et sauf. Je n’avais pas su qu’elle était malade.
Ce samedi 30 janvier, j’en étais là quand les lève-tôt des cinq heures du matin avaient commencé à agiter les nouvelles sur les réseaux sociaux. La veille, alors que chacun se préparait plus ou moins à un troisième confinement en France, Castex en sortait de belles de sous le chapeau. Nous devions comprendre que dès le lendemain dimanche, moyennant une interrogation de la part des tatillons, dimanche zéro heure ou dimanche minuit, l’entrée en France en provenance d’un pays extérieur à l’espace européen devenait interdite, idem la sortie, sauf motifs impérieux, avec attestation et justificatif approprié.
Maintenant que le Japon garantissait sa frontière aux résidents étrangers (2), à grand renfort de diplomatie nous avait-on assuré, la France s’y mettait. Bien que la décision s’avérait fondée à première vue, je n’en avais pas moins ressenti le coup de massue. Ce samedi, Le Monde révélait que le variant sud-africain affaiblissait l’efficacité du vaccin de Novavax. Quant à celui d’AstraZeneca, il passerait encore sous le radar une bonne semaine (3).
Je m’apprêtais à réserver une colonie de vacances pour notre aînée au mois de juillet. Je voulais qu’elle puisse passer du temps avec l’une de ses meilleures amies et s’éloigner un peu de sa famille dont elle aussi soupait assez. Or la part de mon cerveau capable d’analyse ne répondait plus. J’aurais pu essayer de comprendre la technologie utilisée par Novavax, connaître ce jour-là le pourcentage du variant Sud-Af en France, ou le nombre de doses acheté par l’hexagone, nul en réalité (4).
Dans cette course contre la montre avec les mutants, j’estimais sur rien la partie déjà perdue. Les scientifiques l’affirmaient de toutes les façons. La destruction massive de notre écosystème représentait le plus sûr moyen de les voir proliférer (5). L’avenir à court, comme à long terme, était certain et désespérant à se figurer.
Pour la première fois une pensée empoisonnée s’infiltra dans mon esprit et fit vaciller ce qui jusque-là constituait une évidence. Etait-il possible que nous retournions à la case départ ? Etait-il possible que nous restions coincés sur l’archipel un deuxième été ?
- Voir l’article Mme Kawaii la fataliste
- Voir lien CCI France Japon
- Le variant sud-africain affaiblit un premier vaccin contre le Covid-19, celui de Novavax, Le Monde, 29 janvier 2021
L’Afrique du Sud suspend les vaccinations après une étude révélant l’efficacité limitée du vaccin AstraZeneca contre son variant, Le Figaro, 07 février 2021 - INFOGRAPHIES. Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Sanofi…Combien de doses de vaccins la France a-t-elle commandées, et à quelle échéance ? France Info, 08 janvier 2021
- La destruction des écosystèmes par l’humain favorise l’émergence d’épidémies, Courrier International, 28 mars 2020
Bonjour MPP, je rattrape mon retard…
Je suis désolée pour ta grand-mère 😔 J’imagine que cela doit être encore plus difficile de le vivre à distance.
L’été est encore loin, il est trop tôt pour se faire une idée… Les vaccins arrivent, j’ai bon espoir que la situation s’améliore d’ici là 😊
Je t’embrasse 😘
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Merci pour ce rattrapage… Cela sent bon les vacances pour toi, en tous les cas je l’espère.
Concernant ma grand-mère, ce que je redoutais le plus, est finalement arrivé. C’est ainsi. Merci de tout cœur pour tes pensées.
Je partage bien ton avis pour cet été d’où le choix de l’optimisme. Je vais en boire des coupes de champagne et trinquer à ces vacances avec toutes toutes les personnes qui me manquent 😉
Belle continuation à toi !
Je t’embrasse.
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